Poésie d'Isabelle Martinez
A pleins poumons
La conscience humaine est morte
Dans l’orgie sur elle, il s’accroupit.
Une croûte assez laide est sur sa cicatrice
Et comme un enfant dans le noir, par l’obscurité apeuré…
Finalement, que sommes-nous si ce n’est qu’une infinité d’infimes ?
La barque est petite et la mer immense
La vague nous jette au ciel en courroux
Sables de vieux os – Le flot râle
Des glas : crevant bruit sur bruit.
Ô Nature ! Bientôt sous le nom d’industrie
Tu vas tout envahir !
Il y avait dans mon enfance
Un grand figuier près du ruisseau,
Je lui parlais…
Plus d’ardentes lueurs sur le ciel alourdi,
Les choses qui chantent dans la tête
Alors que la mémoire est absente.
Viens,
Sur tes cheveux noirs jette un chapeau de paille,
Avant l’heure du bruit.
Le caoutchouc de mes baskets
Colle à l’asphalte qui coule au milieu des murs !
Dis-moi le Monde de demain,
Un monde où les robots aimeront l’amour ?
Alors Jeanne l’arrache et saigne ;
Pourtant l’été, lorsque le jour a fui,
De fleurs couverte
La plaine verse au loin le parfum.
Un bras sur un marteau gigantesque
Effrayant d’ivresse et de grandeur,
Succède au jour
Et glisse sans laisser de trace
Ô captif innocent qui ne sait pas chanter !
Ô race humaine aux destins d’or vouée,
Ta force immense est secouée ?
Qu’est-ce pour nous, mon cœur, que les nappes de sang
Et de braise, et mille meurtres, et les longs cris.
Vers le vide
Il se précipite, cet homme !
Ouvrière sans yeux, Pénélope imbécile,
Berceuse du chaos où le néant oscille.
L’âpre bise d’hiver qui se lamente au seuil
Souffle dans le logis son haleine morose !
Vaine ombre obscure et taciturne,
Le roi mystérieux de la pompe nocturne.
Le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s’épanouir ;
Notre terre corps meurtri fait de
Beauté défigurée et de poussière,
Un monde mort, immense écume de la mer,
Gouffre d’ombre stérile et de lueurs :
Voici la mort du Ciel en l’effort douloureux.
Animal aux mille facettes
Esprit libre des comptes parsemés de doutes.
Le soleil sur le sable, ô lutteuse endormie
Les grand-routes tracent des croix à l’infini
Et la violence inonde l’empyrée
Tonnerre. Esprit captif
Réitération du présent.
Une heure pour la planète, c’est ce que j’ai donné à notre amie Nature.
Souvent alors j’ai cru que ces soleils de flamme
Dans ce monde endormi n’échauffaient que mon âme.